INTRODUCTION

 

Ce titre, A L’OMBRE DE LA CROIX, n'est pas le fruit du hasard il est apparu tout naturellement lors de l'écriture de cet essai, il est en fait l'aboutissement et non point le départ de mes recherches. 

Dans ce travail, où nous cherchons à comprendre comment l'humanité a pu descendre au fond du gouffre dantesque du génocide, nous ne faisons que mettre en exergue les diatribes et autres bassesses de la chrétienté à l'encontre du peuple Juif.

Friedmann résume en quelques lignes notre travail : L'antisémitisme des nazis associé chez eux à un néo-paganisme n'a pu connaître un tel succès parmi les masses du peuple allemand que parce qu' il s'y développait sur un terrain séculairement préparé par l'antisémitisme chrétien, pénétré d'un conscient et d'un inconscient Juif ". 

La chrétienté dans sa venimeuse démonstration expliquera que cela devait être ainsi par le juste retour des choses. C'est pourquoi dans " Évidence de Juin 1949 "on pouvait lire : " Qu' en ces derniers temps Israël ait été une fois de plus broyé comme le grain sous la meule, comme le raisin dans le pressoir, le fait n'a rien qui puisse surprendre. Depuis deux mille ans c'est bien ainsi que par une espèce de substitution formidable il nous apparaît sous les traits de celui qui vit lui-même un jour au seuil du prétoire de Pilate le visage défiguré par les coups, sa robe blanche trempée du sang de la flagellation ".

Cinquante ans après la Choa le sujet est encore tout aussi douloureux et si nous le traitons, dans notre écriture, par l'antiphrase, ou la dérision c'est parcequ'il nous est apparue que présenter l'acte d'accusation dans sa morbide nudité était une charge émotionnelle trop importante.

Si dans ce travail nous fustigeons et condamnons avec la plus rigoureuse sévérité l'action de l'église et son enseignement, dont le seul but a été de proscrire le peuple Juif et, n'y arrivant pas a élaboré tout un système qui comme nous le démontrons a mené au génocide, nous n'avons pas grâce à D... les mêmes armes. A l'église l'insulte, la grossièreté, la diatribe, les pamphlets, les porcs, les truies, les rats et autres mammifères plus ou moins odorants ou volants que nous présentons dans les documents ou les photographies ; a nous Juifs la juste affirmation, par les citations, les documents que nous proposons, dénuées de toutes ces scélératesses et ne comportant pas toutes ces vulgarités. 

C'est le Docteur E. Johannes Greipl, responsable des affaires culturelles de Ratisbonne qui nous écrivait, s'agissant de la Judensau     ( la truie aux Juifs ) de la cathédrale de sa ville " De telles figurations sont fréquentes dans d'autres villes européennes. C'est l'expression des courants antisémites de cette époque qui se manifestèrent entre autres sous la forme de pogroms sanglants. Il est important aujourd'hui de laisser les sculptures de ce type à leur emplacement originel pour les commenter et les conserver comme témoignage d'une idéologie du mépris qu'une époque passée professait pour des êtres humains. Se débarrasser des figurations antisémites de ce type, signifierait effacer l'Histoire ".

S'il est vrai qu'à quelques endroits nous effleurons le dogme catholique, bien moins que ne l'a fait le christianisme à l'encontre du Judaïsme  il n'est quand même pas dans notre intention de nous immiscer dans les affaires mystérieuses de l'Eglise.

Si nous nous y insinuons un bref instant c'est pour souligner les controverses théologiques à l'intérieur de la famille chrétienne, et si donc il y avait conflit au sein même des conciles,  comment nous Juifs qui avons une vision qui est celle du pur monothéisme pouvions accepter des dogmes qui étaient contraire à la raison de certains chrétiens.

C'est l'écrivain catholique léon Bloy qui, méditatif, se remémorait le bon vieux temps : ah ! que les moeurs ont bien changés ! : " le moyen-âge, disais-je en parlant des Juifs, avait eu le bon sens de les cantonner dans des chenils réservés et de leurs imposer une défroque spéciale qui permît à chacun de les éviter. Quand on avait absolument affaire à ces puants, on s'en cachait comme d'une infamie et on se purifiait ensuite comme on pouvait. La honte et le péril de leur contact était l'antidote chrétien de leur pestilence, puisque D... tenait à la perpétuité d'une telle vermine. L'église est un merveilleux désinfectant." 

R. Anchel écrivait : " Dira t-on que l'historien n'a pas à se transformer en juge plus qu'en avocat ou en procureur" 

Mais le tribunal de l'histoire est désaffecté ; on n'y prononce plus de plaidoyer ni réquisitoire, ni sentence. L'indifférence s'installe, et le révisionnisme veille aux grains de sa future engeance, vigilant à ce que les poubelles de l'histoire ne désemplissent, de sorte que l'ignominie puisse à nouveau faire son oeuvre dans une société en manque d'idéaux et de valeurs religieuses vrais. Visionnaire Simon Epstein écrivait très justement " Le véritable ennemi de la muraille  holocauste  n'est pas le mensonge, mais l'oubli. Son offensive est lente mais sûre. Il n'attaque pas en surface, mais fait un travail de sape imparable ".

Il fallait, car nous sommes de ceux qui pensent que l'historien n'a pas à renoncer à sa passion, rouvrir le dossier cinquante ans après le génocide et se porter partie civile au  tribunal de l'humanité, non pas pour haïr ce n'est pas le propre du Judaïsme, mais pour que la chrétienté réhabilite ceux qu'elle a outragé, et qu'elle outrage encore à travers l'État d'Israël. État que le Vatican, au nom de sa très charitable logique, accable de phrases assassines donnant ainsi un aval à la désinformation palestinienne, doctrine  que le père Deman nous explique avec beaucoup de clarté "Le nom Israël, nom par excellence du peuple de D... prête à son tour à une double équivoque ; aussi bien dans le contexte théologique où la tradition applique ce nom également et avant tout à l'Eglise, que dans le contexte profane où aujourd'hui un État national porte ce nom ". 

Quelle monstrueuse arrogance autorise la chrétienté à s'adjuger le droit de s'attribuer le titre de Nouvel Israël, l'église devrait être face contre terre en signe de repentir pour qu' elle ne passe pas par perte et profit les conséquences de sa délétère politique.

S'il est vrai que des grincements de dents se feront entendre lors de la parution de cet essai, il n'en reste pas moins que c'est le but recherché, pour qu'enfin la chrétienté, à genoux, demande à être pardonnée de ses erreurs et de ses crimes. Pour qu'enfin elle fasse sienne, et, conformément aux voeux du Pape Jean XXIII, la prière qu'il avait composé, demandant le pardon au peuple Juif en cette formulation : " Nous sommes aujourd'hui conscients qu'au cours de beaucoup de siècles nos yeux étaient si aveugles que nous n'étions plus capables de voir encore la beauté de ton peuple élu, ni de reconnaître dans ton visage les traits de nos frères privilégiés. Nous comprenons que le signe de Caïn soit inscrit sur notre front. Au cours des siècles, notre frère Abel était couché ensanglanté et en pleurs par notre faute, parce que nous avions oublié ton amour. Pardonne-nous la malédiction que nous avions injustement attribuée à leur nom de JUIF. Pardonne-nous  de t'avoir crucifié une deuxième fois en eux dans leur chair, parce que nous ne savions pas ce que nous faisions ".

Prière qui n'a toujours pas été intégrée dans le rituel ; une fois de plus l'église aura à battre son méa culpa. 

Le présent travail est celui d'un historien qui a réuni un corps d'écrits et qui n'engage que l'auteur et non le Judaïsme y compris les maîtres du Judaïsme qui, eux, sont plus miséricordieux que moi. 

Nous avons essayé de présenter le mieux possible ce qui a été effectivement écrit par les dignitaires de l'Eglise ou par des écrivains catholiques connus et étudié en histoire en philosophie ou en psychologie, 

Dans la présente étude nous ne prétendons pas à l'exhaustivité,  le lecteur pourra consulter avec bonheur les ouvrages et documents, sur lesquels nous avons construit notre travail, et mis à disposition par le Centre de documentation Juive contemporaine de Paris, la Bibliothèque Nationale de Paris, celle de Marseille, ainsi que les Archives Nationale de Paris.  

Wilhelm von Humboldt  affirmait qu'il n'y avait que deux méthodes pour être fidèle à l'histoire, nous avons tenté de concilier les deux en les associant de telle sorte que le lecteur puisse trouver une liste d'écrits exacts et ensuite nous les avons  assemblés entre-eux de façon à comprendre quelle a pu être l'évolution de la pensée, de l'écriture, de l'enseignement qui ont mené à la Choa.

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